Le parcellaire de 1759 peut être mis en regard de documents plus anciens ou plus récents, dont Voreppe a la chance de disposer en grand nombre. L'évolution de la structure foncière et du paysage peut ainsi être analysée du XIIIème siècle à nos jours.
Le cellier des Chartreux |
Entre 1250 et 1267, le dauphin Guigues VII fit procéder à trois enquêtes successives dans ses possessions afin de recenser ses droits et revenus. Ces enquêtes, connues sous le nom de probus, fournissent des renseignements au sujet du prélèvement delphinal sur les biens fonciers, la justice, l'utilisation des alpages, les taxes frappant les troupeaux, le montant des dîmes et des tâches, les devoirs militaires, la taille, les droits de successions et de mutation.
Pour Voreppe, les résultats de deux enquêtes sont connus : celle de 1250 (ADI B 2952 fol 544-562 vo et B 2662 fol 116-20 vo) et celle de 1260-1263 (ADI B 2952 fol 535-544 et B 2662 fol 12-15 vo).
Ces enquêtes énumèrent notamment pour chacun des tenanciers du Dauphin la cens versée et la superficie de terre pour laquelle elle est due, et fournissent de nombreux toponymes. On sait ainsi qu'à Voreppe la vigne représente 51% des terres cultivées de la réserve seigneuriale contre 49% pour les céréales, alors que dans les tenures paysannes, les parcelles de vignes couvrent 17% de la surface agricole utile contre 72 % pour les terroirs emblavés (plantés de céréales) et 11% pour les prairies.
A la fin du XVIème siècle, en Dauphiné, le Tiers Etat réclame une plus grande équité fiscale et la cadastration des terres. Les nobles sont en effet exemptés du paiement de la taille. Un long conflit a lieu durant près de trente ans, connu sous le nom de Procès des Tailles. Deux arrêts du Conseil du roi de 1634 et 1639 y mettent un terme. Ils imposent la réalité de la taille : l'impôt est désormais perçu non plus en raison de la qualité du contribuable, mais en fonction de celle de la terre. Les terres qui appartenaient à des nobles à la fin du XVIème siècle sont déclarées "fonds nobles" et leurs possesseurs présents et futurs exemptés de taille, qu'ils soient nobles ou roturiers. Les terres n'appartenant pas à des nobles sont déclarées "fonds taillables" et leurs possesseurs présents et futurs soumis au paiement de la taille, qu'ils soient nobles ou roturiers.
C'est dans ce contexte que la communauté de Voreppe fait réaliser deux parcellaires, l'un noble, l'autre roturier, entre 1608 et 1635 (ADI 4 E 543 G 32 / 1 et 2). Ces documents énumèrent une liste de parcelles en précisant superficies, nature des fonds estimation de leur valeur, nom du propriétaire, et confins (voisins). Aucun plan n'accompagne ces registres.
Cependant, sous la Révolution, des plans sont réalisés à partir de ces
parcellaires par un géomètre, Verdier, en 1791. La commune souhaite en effet
récupérer un certain nombre de biens communaux qui ont été usurpés entre le
début du XVIIème siècle et le milieu du XVIIIème
siècle. Plusieurs quartiers de Voreppe disposent ainsi d'une "carte
géométrale du parcellaire de Voreppe de 1611" (6 rouleaux conservés aux
archives municipales de Voreppe, sans cote).
Le château de Saint
Vincent du Platre |
Le cadastre napoléonien date, à Voreppe, de 1820. Des copies anciennes de qualité moyenne sont conservées aux services techniques de la mairie de Voreppe, ainsi que la matrice (informations sur les parcelles, regroupées par propriétaire).
Le cadastre actuel a été dressé en 1960.